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L’étiquette de « jeune photographe » : avantages et inconvénients

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Marc Montméat

editorial

On ne compte plus le nombre de festivals et de concours pour les jeunes photographes. Il y en a tellement que parfois, même les professionnels de la photographie ont du mal à s’y retrouver. Aujourd’hui, quand on entend l’expression « jeune photographe », on pense tout de suite aux nouveaux regards, à ces artistes qui poussent les frontières du medium, à la relève de la scène photographique. Pourtant, pour les photographes eux-mêmes, elle peut avoir plusieurs réalités. Voici les avantages et les inconvénients de l’étiquette de « jeune photographe ».

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Les avantages

Être « repéré » par un professionnel

Parmi l’ensemble de festivals et concours de jeunes photographes, certains sont de véritable repères pour les professionnels. Le prix du musée néerlandais FOAM à Amsterdam ou le prix HSBC en France sont surveillés par les journalistes spécialisés, les galeristes et les institutions afin d’y repérer les noms de demain. On observe ainsi l’entrée en galerie de jeunes photographes une fois qu’ils ont remporté des prix importants. Noémie Goudal, par exemple, a intégré la galerie des Filles du Calvaire après avoir remporté le FOAM Talent et le prix HSBC.

Noémie Goudal

Noémie Goudal

La visibilité

Que ce soit les festivals ou les prix, les retombées presse de tels évènements sont toujours bénéfiques pour le jeune photographe. Dans un milieu où la diffusion est l’une des problématiques principales pour de nombreux acteurs, le fait de pouvoir bénéficier d’un retour presse sur un évènement particulier constitue toujours une plus-value extrêmement importante. En 2013, la 3e édition du festival Circulation(s), dédié à la jeune photographie européenne, a été traitée dans près de 300 articles de presse (TV, radio, Internet et papier).

 

Les inconvénients

Être un support de communication

Le problème dans tout ça, c’est qu’un prix ou un festival ne se finance pas tout seul. Nombreuses sont les entreprises qui soutiennent la jeune photographie, et se servent tout naturellement de cet investissement pour faire de la communication. Si certaines entreprises restent très discrètes, d’autres utilisent les jeunes photographes comme support de communication. Le principe de photographe ambassadeur est un assez bon exemple. S’il permet au photographe d’être soutenu financièrement, il transforme néanmoins l’artiste en publicité ambulante.

Photographes ambassadeurs Sony

Ces centaines de jeunes photographes

La diversité de définitions de « jeune photographe » crée aussi une diversité d’appréciation de la jeune photographie. Pour certains, le jeune photographe a moins de 35 ans, pour d’autres il n’a jamais exposé ou jamais vendu… Le jeune photographe a presque autant de significations qu’il existe de concours. Ce flou d’appréciation et la multiplicité d’évènements atténue la visibilité de chacun. Le photographe Jérôme Bryon nous expliquait en avril 2013 : « Je ne conseillerais pas aux jeunes photographes de participer à ces festivals de photographie émergente. Cette piste est surexploitée. Il y a beaucoup de festivals et ils finissent par se tuer entre eux. Ils ne prennent pas assez soin des photographes. Finalement, ils créent une sorte de Star Academy géante et on ne voit plus personne. Il faut trouver une autre piste. »

Jérôme Bryon

Jérôme Bryon

 

Est-ce qu’elle apporte vraiment quelque chose, cette étiquette de jeune photographe ? Elle classe, donne un repère, pour le public et pour les professionnels. Mais pour les photographes, cette étiquette peut être à la fois pleine de promesses et très superficielle. En 2012, quand le photographe Thibault Brunet a remporté ses premiers prix de jeune photographe et réalisé ses premières expositions, il nous confiait : « Je ne sais pas vraiment où je suis actuellement. Je ne suis pas personne, et je ne suis pas quelqu’un non plus. J’attends. » Tel un espoir, le fait d’être reconnu en tant que jeune photographe est un premier pas sur la scène photographique. Un début de réseau se construit, une diffusion du travail se met en place. Marc Montméat, lauréat du prix SFR jeunes talents disait en 2011 : « Je n’ai rien prouvé, mais j’ai au moins gagné le titre de jeune photographe, et ça, c’est déjà un statut. »

Marc Montméat

Marc Montméat

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