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Le selfie comme thérapie

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Autodissociate Me

Mary Bond, jeune lycéenne new-yorkaise atteinte d’un syndrôme dissociatif, a développé un projet artistique fait de selfies et de fragments de pensées. Seule face à son ordinateur, elle tente de se connecter au monde, au-delà de sa maladie : découvrez Autodissociate.me.

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Mary Bond est née en 1994 et souffre de dissociation. Cette maladie psychique provoque des troubles de la paroles et de la pensée, une difficulté à anticiper ses actions, des gestes corporels répétitifs, une difficulté à nouer des relations avec autrui. Elle a monté une œuvre artistique, intitulée « Autodissociate Me ». Sur le site internet autodissociate.me, elle met en ligne des selfies, capturés par son collaborateur, Ian Aleksander Adams, avec lequel elle communique par Skype. Sur ce mur de photos, des textes apparaissent et, de façon aléatoire, l’internaute navigue au fil de ses pensées.

« Durant nos conversations Skype, Ian fait des captures d’écran de moi et les charge sur le site. Il édite les images, mais moi je contrôle la façon dont je me présente. (…) C’est notre façon d’explorer le « selfie dissocié », et dans mon cas, c’est pertinent car je souffre de troubles de la personnalité, de dissociation. Croyez-le ou non, mais le selfie a été pour moi une véritable thérapie. » Mary Bond

Dans la presse, le selfie a souvent été associé au narcissisme d’une génération déconnectée de la réalité, vivant dans un univers virtuel et qui se crée sa propre personnalité en se photographiant. Pourtant, le mal dont Mary souffre est bel et bien réel et vient du monde physique et non du contexte social de son époque. Elle affronte depuis l’enfance ses difficultés à socialiser et elle a trouvé dans le selfie une façon de s’offrir au regard des autres. Ses images se mêlent à des notes de réflexion autour de l’image de soi dans la société actuelle. À travers son travail, Mary Bond a fait corps avec un réseau, avec son propos et avec la société dans laquelle elle vit. Il n’y a pas de recherche esthétique dans ses photos. Le grain de la webcam est souvent pixellisé. Mary Bond est nue et rarement maquillée. « Pourquoi est-ce mal de regarder des images de soi ?« , se demande-t-elle.

De la photo de profil au selfie, la « génération Y » a eu le droit à tous les qualificatifs, mais surtout celui de narcissique. À se photographier à tout bout de champ, les aînés ont cru voir dans cette obsession pour l’identité un égocentrisme sans borne. Pourtant, si photographier c’est s’interroger et se tourner vers l’autre, alors peut-être que ce jeune qu’on appelle Narcisse ne se regarde pas. Peut-être que ses yeux se sont simplement perdus dans le vague, dans le vide, cherchant désespérément à croiser le regard de quelqu’un qui lui, le regardera en retour.

via creative.arte.tv et Jean-Guillaume Leroux
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Molly Benn a co-fondé OAI13 en septembre 2013. Elle en a été la rédactrice en chef jusqu'en 2015. Elle est maintenant Community Editor FR pour Instagram. Ses opinions sur OAI13 sont les siennes et pas celles d'Instagram.

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