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Le road trip hors des sentiers battus : Brice Portolano

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Brice Portelano road trip

Les étendues sauvages, l’exploration, la liberté. Voilà ce que l’on peut retenir des images de Brice Portolano dans sa série « Cross the Mountains ». Ce jeune photographe parcourt des endroits reculés du globe en quête de liberté, d’espace et d’isolement. Car il s’agit bien d’une quête et non d’une fuite. Explication.



Brice Portelano

OAI13 : Comment organises-tu tes voyages ?
Brice Portolano : En général je voyage seul, j’ai des amis ou connaissances un peu partout en Europe et en Amérique du Nord, ce qui me permet de naviguer de manière très libre entre deux points de chute. Les rencontres sur la route jouent aussi beaucoup, et l’absence de programme millimétré me permet de dire « oui » aux aventures les plus imprévues et qui sont parfois les plus excitantes.

OAI13 : Tu suis un itinéraire très précis, planifié ? Ou, au contraire, tu privilégies le hasard et l’errance ?
Au fil des voyages j’ai appris à organiser mes départs un minimum tout en laissant une place importante au hasard et aux rencontres. Changer d’itinéraire sur un coup de tête peut procurer un sentiment de liberté vraiment intense, on se dit que tout est possible et qu’on est les rois du monde. Ce sont ces voyages qui mettent les plus grosses claques. C’est un peu une drogue pour moi, du coup des dizaines de projets évoluent constamment dans ma tête. Des voyages aux quatre coins du globe mais surtout dans l’hémisphère nord, que je commence à connaitre de mieux en mieux.



Brice Portelano


Brice Portelano
[pullquote type= »2″] »C’est probablement les voyages où tout est possible qui te mettent les plus grosses claques ! »[/pullquote]

Sur certains de tes images, tu montres l’envers du décor de ton road trip, comme celle où la voiture semble coincée par la neige. Parles-nous un peu plus de cette photo.
En février 2013, après un stage à Portland chez le photographe Corey Arnold, je suis parti en road trip avec Joanna, une jeune Polonaise que je connaissais à peine. Nous avons passé 3 semaines sur les routes à suivre nos envies, voyager au fil des rencontres, à nous lever chaque matin sans aucune idée de là où nous allions dormir.
C’est au début de ce road trip que j’ai pris cette photo. On y voit Joanna se réchauffer les mains en brûlant de la résine de pin pendant que Nate s’occupe de mettre des chaînes pour continuer la route dans la neige. Nate est un aventurier, il passe son temps libre à explorer les routes désertes de l’Idaho avec son chien, c’est un personnage assez fascinant. Au moment de la photo, nous le connaissions à peine. On venait de le rencontrer dans une vieille station service, et comme nous nous dirigions vers la même ville, Silver City, une ville fantôme quelque part dans les montagnes, nous avons décidé de continuer la route ensemble.



Brice Portelano

Voyager à cheval est quelque chose d’assez rare aujourd’hui. Comment t’es-tu retrouvé dans cette situation ?
Au début de mon voyage au Canada, j’ai atterri dans un ranch complètement isolé au milieu des montagnes. L’été venait de commencer et j’y suis resté plusieurs semaines durant lesquelles je suis beaucoup monté à cheval avec le ranch comme camp de base. J’ai ensuite rejoint un réalisateur français à Vancouver, Mathieu Le Lay, pour une aventure de 3 semaines. (cf la vidéo ci-dessous Keep Exploring)


Keep Exploring – Brice Portolano from Mathieu Le Lay on Vimeo.


Quelques mois plus tard au début de l’automne, alors chez des amis à Montréal, je reçois le mail d’un ami de Salt Lake City. Il me propose de le rejoindre moins de 48 heures plus tard pour embarquer dans une autre aventure à cheval pour laquelle il se prépare depuis un moment. Il part chasser l’élan dans les montagnes enneigées de l’Utah et se souvient que je lui avais proposé de l’accompagner. Il est 15 h et j’ai quelques heures pour prendre ma décision. Je finis par monter à bord d’un bus de nuit pour New York d’où je prends l’avion pour Salt Lake City. Après 24h de voyage, il me reste quelques heures pour dormir avant de partir le matin même : nous embarquons pour 6 jours : 2 chasseurs, 1 photographe et 4 chevaux. Nous reviendrons au bout de 4 jours, les chevaux chargés de gibier (cf sa série « The Helk Hunters »).



Brice Portelano
[pullquote type= »2″] »La sécurité est un paramètre important dans ce genre d’aventures car la frontière entre maîtrise totale et perte de contrôle est très fine »[/pullquote]

Tu n’as pas grandi en montagne et tu découvres ce milieu lors de tes voyages. Pourquoi se concentrer sur des régions, de prime abord, hostiles ? Le besoin d’adrénaline ? Une envie d’isolement ?
C’est assez frustrant de se préparer pour partir en autonomie complète dans la nature et de croiser d’autres personnes sur place. Dans ces moments-là, je cherche surtout un contact assez simple avec les éléments naturels, celui-ci est plus difficile à établir si l’on entend rire au loin un groupe de 5 personnes. L’isolement provoque une certaine adrénaline parce que c’est un retour aux sources qui permet d’aborder des questionnements profonds, de se poser des questions qu’on ne se pose pas tous les jours, au-delà de la question photographique. Et c’est plus difficile à trouver sur un chemin de randonnée trop fréquenté qu’au milieu de nulle part. Le fait d’être responsable de soi-même et de ne pas pouvoir compter sur quelqu’un d’autre permet d’apprendre beaucoup sur soi. Le confort est minime, la nourriture lyophilisée rarement délicieuse, les pastilles purifiantes donnent à l’eau un goût de chlore… Il faut vraiment aimer l’aventure pour se mettre dans ces situations. Chacun a son moteur. La photo et le challenge physique sont les miens. La sécurité est un paramètre important dans ce genre d’aventure, car la frontière entre maîtrise totale et perte de contrôle est très fine. J’ai été chanceux jusque-là, mais je conseille à ceux qui seraient tentés de ne pas partir dans un minimum de connaissances et sans matériel adapté.



Brice Portelano

Cette semaine, nous nous intéressons aux nouveaux photographes voyageurs. Tu es assez jeune ( moins de 25 ans). Tu aurais pu avoir des réductions à la SNCF mais tu préfères aller voir plus loin. D’après toi, ta jeunesse est un atout ou un handicap dans ta démarche de photographe-voyageur ?
S’il y avait les mêmes réductions sur les billets d’avion, ce serait certainement un atout ! J’ai choisi une profession qui justifie à elle seule le fait de voyager, peu importe l’âge. Je ne pense pas que celui-ci influence tant que ça les voyages, c’est surtout le contact avec les gens qui les déterminent. J’ai commencé à voyager seul dès que j’ai pu, et c’est probablement un atout de par l’expérience que j’ai pu acquérir depuis. Le fait de parler anglais est lui aussi un gros avantage, acquis en voyageant justement.



Brice Portelano
[pullquote type= »2″] »Se déplacer avec très peu d’argent fait prendre conscience de la différence entre des vacances et un voyage »[/pullquote]

Arrives-tu à financer tes voyages avec tes images ? Comment trouver une économie à tes explorations ?
En travaillant en tant que photographe à Paris, mais aussi en trouvant du travail lors de mes voyages — pas toujours lié à la photo d’ailleurs —, j’arrive à m’en sortir convenablement. La vente de tirages marche aussi assez bien. Après, il est tout à fait possible de voyager avec très peu d’argent : ce n’est pas la manière la plus confortable de voyager mais probablement la plus formatrice. C’est celle qui fait prendre conscience de la différence entre des vacances et un voyage.



Brice Portelano


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[box]► Voir aussi : Road-trip aux USA : Exercice de style[/box]


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