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Besoin de promo pour ton dernier appareil ? Demande au régime nord-coréen

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Vous avez remarqué vous aussi ? On n’a jamais vu autant d’images de Corée du Nord ces quelques derniers mois depuis que le smartphone, la GoPro et autres innovations visuelles se sont démocratisés comme moyens professionnels de faire des images. Chaque nouvelle série photographique en Corée du Nord devient un évènement médiatique et presque une opération de communication pour les constructeurs, quitte à en faire un peu trop.

Tout a commencé à la fin de l’année 2013 où le photographe de l’agence Associated Press, David Guttenfelder, a été nommé photographe Instagram de l’année avec ses clichés de la vie quotidienne en Corée du Nord publiés régulièrement sur le réseau social. Premier photographe occidental a être autorisé de travailler en Corée du Nord, il est aussi le premier à divulguer des images des funérailles du précédent dictateur, Kim Jong-Il, devançant ainsi les agences locales.


david-guttenfelder_01©David Guttenfelder


Depuis, David Guttenfelder a vu ses clichés publiés dans plusieurs centaines de média web, chacun s’étonnant de pouvoir accéder à des images de la vie quotidienne nord-coréenne. Le buzz est si important et ses photos Instagram de la Corée du Nord ont tant de succès que le photographe n’est plus du tout interviewé pour son travail normal. Les atouts du réseau social sont mis en avant : sa rapidité, sa popularité, sa simplicité, sa discrétion.


david-guttenfelder_02©David Guttenfelder


Le « iReportage »

Mais depuis, Google Glass a fait mieux. Kenny Zhu, « iReporter » pour CNN est parti à Pyongyang réaliser des images avec les Google Glass . Il raconte, non sans condescendance, comment les autorités nord-coréennes l’ont autorisé à réaliser des images : « Au premier abord, ils étaient capable d’identifier un outil photographique. Mais sans Internet, les Google Glass sont un simple appareil photo très portatif. Ils étaient suspicieux face à l’objet, ils ont commencé à me poser des questions sur comment ça fonctionne et à quoi ça sert. Je les ai laisser jouer avec [les Google Glass], ils étaient assez flattés et ils m’ont finalement laisser utiliser l’appareil, tant que je véhiculais une image positive du pays. » Là aussi, la publication de ces images dans la presse a provoqué un buzz.


kenny-zhu_01©Kenny Zhu


Pourtant, les images diffusées ne nous apprenaient pas grand chose sur la Corée du Nord, mise à part que l’on peut faire des photos avec Google Glass. Elles nous montrent surtout les symboles de pouvoir dans la ville de Pyongyang : statues, drapeaux, peintures murales… Ces photos sont tout à fait en accord avec la vision que le gouvernement nord coréen souhaite véhiculer.


kenny-zhu_02©Kenny Zhu


Visite guidée de Pyongyang avec une GoPro

Mieux encore : il y a quelques semaines, une vidéo de Pyongyang à la GoPro a fait le buzz sur Internet. Metro news parle d’images « inédites », France Info s’extasie de cette « découverte unique », TQCV vous propose de visiter Pyongyang « en mode slow TV ». Le résultat est un peu décevant…





Cette vidéo à la GoPro a été réalisé par le photographe singapourien, Aram Pan, qui est à la tête d’un projet photographique intitulé DPRK360. Celui-ci aurait pour objectif d’apporter la paix par l’image et est financé par l’Office du tourisme nord-coréen. La visite qu’Aram Pan vous propose de Pyongyang a été totalement organisée par le gouvernement. Mais cette information ne semble pas troubler les médias français. Sur Métro News, on se rassure en disant : « Qu’il soit conforme ou non à l’image que l’on se fait de la principale ville de l’un des pays les plus fermés au monde, le résultat de ces images inédites vaut le coup d’œil ». France Info est un peu plus mesuré, mais se contente de souligner la rareté du document étant donné le contrôle exercé par le régime. Il est tout de même étrange d’observer qu’un simple détail technique, filmer à la GoPro, suffit à justifier la promotion d’un contenu visuel orchestré par l’Office du tourisme de ce pays. D’autant plus que ce n’est pas le premier projet à passer au travers du contrôle nord-coréen.


Instagram, Google Glass, la GoPro apparaissent comme des technologies permettant d’infiltrer la Corée du Nord et de diffuser des images hors de la communication officielle. Mais non, les nouvelles technologies ne peuvent pas remplaçer l’intelligence du regard…

Oh ! Sinon vous saviez qu’on pouvait aussi filmer la Corée du Nord vue de l’espace ?



coree-du-nord-nuit-lumiere-nasa

Ci-dessous, deux projets incontournables sur la Corée du Nord.
Thomas Van Houtryve, Behind the curtains
Hiroshi Watanabe, Ideology in Paradise

Et d’autres jolis travaux :
Éric Lafforgue
Hélène Veilleux, 38e parallèle Nord